l fut un temps dans ma belle France où les gens aux idées nouvelles et progressistes avaient eu la bonne idée de se défaire des autres gens aux autres idées. Pas toutes les autres idées. Seulement celles qui s’opposaient fermement aux leurs. Celles de l’ordre établi qui les faisait taire.
les gens aux nouvelles idées n’en n’avaient pas spécialement après les gens dont ils voyaient l’utilité manifeste à la société. Mais après leurs idées. Et comme les idées ont pour habitude de fleurir dans les têtes, ils convinrent de séparer chaque tête mal-pensante de son corps d’attache. Les têtes à la dérive finissaient dans des paniers, rangées, afin d’éviter que les idées ne s’éparpillent.
ça marchait plutôt bien.
Mais à force, les gens qui ne se pensaient ni pour, ni contre, bien au contraire de la lutte des idées, jugèrent la méthode de tri un tant soit peu barbare. Les autres gens, qui trouvaient normal de soigner l’étroitesse d’esprit par l’absence de tête, les pointèrent du doigt vengeur de la justice nouvelle. Ils étaient jeunes ces gens… Leurs idées aussi. Mais ils n’étaient pas si cons. Ils avaient bien remarqué qu’une fois qu’on avait séparé un dissident de sa tête, son corps servait assez mal la cause. Ils épargnèrent donc les étriqués du peuple en déclarant que le gros du tri était derrière. Ils faisaient ça pour eux après tout.
Après quoi, ils demandèrent l’avis de chacun des types qu’ils étaient sur le point de zigouiller pour manque de capacités intellectuelles à voir clairement à quel point ils avaient raison. Tous, autant qu’ils étaient pouvaient choisir un nouveau chef. Et comme la tradition le voulait : il était clair dans la boite à idées de chacun des gens du peuple, que le chef : c’était le plus fort. Et comme le plus fort c’était celui qui avait l’air de dire qui gardait sa tête et qui se faisait ranger les idées, ils votèrent pour ce mec là.
Le mec, modeste, a profité un moment, s’est amusé à tout déranger, re-ranger, puis a passé la main au suivant : un mec qui avait compris qu’il fallait avoir l’air du plus fort pour être le prochain chef.
Depuis, les méthodes ont changé. Les gens du peuples ont le droit d’avoir des idées plus ou moins en faveur du chef sans qu’on leur enlève la tête du corps, c’est d’ailleurs comme ça qu’ils choisissent les chefs. Ils comptent combien de personne sont d’accord avec tel représentant de telles idées et celui qui est d’accord avec le plus de gens, gagne la partie et devient chef.
Mais c’est pas facile. Faut pas se faire avoir, ni les gens par les représentant mensongers ni le vice versa. Il arrive aux représentant de promettre deux choses opposées, et ça, ça coince dans la boite à idées des gens du peuple.
Enfin, ça ne change pas grand chose en soi. C’est toujours celui qui a le plus l’air du chef qui finira par le devenir. Celui dont les idées sont les plus simples, les plus accessibles. Après il faut savoir se vendre, avec ses idées simples, mais ce n’est pas très difficile. La plupart des gens qui comprennent des idées simples, ne cherchent pas à comprendre les idées plus complexes. Alors on en reste là. Il y a des gens aux idées compliquées qui arrivent très bien à faire passer des messages simples. Par contre, les gens aux idées simples, ne se rendent pas compte à quel point les idées des chefs sont compliquées. C’est dommage. Parce que c’est le chef qui prendra les décisions à l’avenir. et si l’on ne le connaît que simplement, gare aux mauvaises surprises.
Surtout quand on demande au peuple « qu’est-ce que vous voulez? pour vous? » et que chacun répond « voilà ce que je veux, pour moi! « , sans un seul écho unanime de « voilà ce que nous voulons pour nous… »
chose qui n’arriverait pas si les chefs restaient des chefs, avec un peuple à charge, et si le peuple se contentait d’être le peuple avec tout un tas de belles choses auxquelles penser, plutôt que d’imaginer mieux faire le métier d’un autre. Est-ce que les présidents s’invitent chez les musiciens pour leur apprendre comment jouer ou, à la rigueur, diriger l’orchestre? Non! Et bien pourtant, il y a des acteurs qui finissent présidents ou gouverneurs : rois de l’impro ou pantins, dans les deux cas, il y a usurpation de rôle et vote de façade.
Alors si les dirigeants en ont marre de la démocratie au point de devoir la déguiser et que moi même, du peuple, n’en peu plus d’écouter mes camarades brailler leurs « moi je veux! » unanimes, dans l’erreur sans équivoque, qu’est-ce qu’on attend pour changer?
Il faut avancer.
On pourrait séparer les mauvaises idées des bonnes dans la tête de chacun…
"les chansons n'appartiennent qu'à ceux qui les laissent s'envoyager" :